Intérêt d'une IRM rapide sans injection de produit de contraste en substitution au scanner dans le diagnostic d'appendicite aiguë. Revue de la littérature et résultats d'un an d'expérience.
L'appendicite aigue est une cause fréquente de douleurs abdominales aigues. En 2012, 83 400 appendicectomies ont été pratiquées en France. Leur nombre a fortement diminué depuis les années 1980 et continue de baisser. Cette baisse résulterait en partie du rôle de l'imagerie dans la démarche diagnostique. En cas de douleurs de la fosse iliaque droite, l'échographie du fait de sa facilité d'accès et de son faible coût est l'examen de première intention. En raison des limites de cette technique liées aux contraintes morphologiques (obésité) et aux variantes anatomiques (appendice rétro-caecal), elle peut être complétée par un scanner ou une IRM lorsque l'échographie n'est pas contributive. Le scanner facilement accessible, avec un temps d'examen rapide et une meilleure expérience des radiologues dans l'interprétation, est le plus souvent proposé en complément. Les contraintes liées à l'irradiation et aux injections de produits de contraste iodés, ouvrent la voie à l'utilisation de l'IRM. L'IRM, certes moins accessible et avec un temps d'examen un peu plus long (en fonction du protocole appliqué), se libère de ces contraintes. En IRM, l'appendice normal est perceptible comme une structure tubulaire borgne dont le diamètre total est inférieur à 7mm. L'appendice est spécialement visible sur les coupes pondérées en T2. Les coupes axiales et coronales semblent les plus utiles pour visualiser l'appendice. Des séquences de diffusion sont utilisées par certains groupes afin d'améliorer la détection de l'appendicite.
L'injection IV de produit de contraste gadoliné ne semble pas apporter beaucoup plus d'informations.
Après une revue de la littérature, nous avons mis en place, depuis mars 2017, un protocole rapide en IRM afin d'explorer en particulier, les jeunes patients pour lesquels l'échographie n'était pas concluante. Notre protocole est composé des plans Sag et Coro T2 HASTE, Ax T2 BLADE, 3 plans T2 TRUFISP Fat Sat et Ax Diffusion. Les critères principaux étaient l'épaisseur de l'appendice et la présence d'une infiltration et/ou d'un épanchement péri-appendiculaire (et également, un aspect hypersignal en Diffusion). Tous les patients ont été suivis (confirmations chirurgicales et histologiques pour les cas positifs).
13 patients ont profité de ce protocole : 10 jeunes patients de 9 à 18 ans et 3 femmes enceintes (un exemple illustré ci-dessous) :
Les résultats de ce travail ont été présentés au congrès annuel de radiologie (JFR, Paris, 12 au 15 octobre 2018)
En conclusion,
Dans le cadre d'une appendicite aigue, l'utilisation de l'IRM est validée par de multiples études publiées dans la littérature. Le choix entre le scanner et l'IRM pour une suspicion d'appendicite dépend donc de l'accessibilité des unités d'IRM, de l'expérience locale des radiologues en IRM et de la volonté de mettre à contribution des techniques non irradiantes. Dans notre centre, l'échographie est réalisée en première intention pour une suspicion d'appendicite et en cas de résultat non contributif, l'IRM (si disponible) est réalisée selon le protocole d'appendicite, en substitution d'un scanner.
Dr M.SHEIBANIFAR, Imagerie du Pays de Rance, Polyclinique du Pays de Rance, Dinan